Humeur | Mon identité a deux nationalités

Le week end du 14 juillet vient tout juste de passer. Ça m’a rendu un peu nostalgique de ne pas entendre des petits feux d’artifice un peu partout. Je racontais dans un autre poste que la tradition de la galette des rois me manquait. Dans le mesure du possible, j’essaye de maintenir ces coutumes surtout quand c’est lié à la bouffe ahah!

Cela fait presque trois ans que je vis à Londres. Oui, le temps file a une vitesse colossale.  Là bas est devenu chez moi. Quand je vais à Paris je vais voir ma famille ou des amis. Quand je vais à Londres,  je rentre chez moi. Le Brexit fait la une des journaux mais techniquement rien a changé pour l’instant. Le temps est suspendu jusqu’à ce que les mesures soient prises. A Noël, ma tante me disait que j’était devenu une « anglaise ».  Sur le coup, je me suis marrée mais plus ça va et plus je comprends ce qu’elle voulait dire. Depuis que je vis à Londres, je me redécouvre. Je me suis « intégrée ». Et je m’en rends compte, j’ai adopté certains us. En gros quand je suis en Ile de France, je me sens en partie anglaise. Mais quand je suis à Londres, je me sens française. Si on ajoute à cela que selon certains,  ma nationalité ne va pas avec ma couleurs de peau… Ça se complique là. Mais bon c’est un autre débat je crois.

Ici, l’habit ne fait pas le moine. Ceci n’est pas un mythe. En Angleterre, tu portes ce que tu veux, comme tu le veux. La mode ici est très inspirante car très libérée. Je vois rarement des regards reprobateurs quand je me balade sauf de touristes. Ici, une mamie peut se teindre les cheveux en rose ou vert. Personne ne lèvera un sourcil. Je n’ai aucun soucis à porter un décolleté ou une robe courte. Parfois, je sors de chez moi avec trois couleurs différentes, ou des imprimés qui match plus ou moins. Je mets mes oasics et je file au taff. Personne ne jugera.

En arrivant à Londres, j’ai été surprise par la disponibilité des genz. Une fois j’étais perdu dans Nothing Hill. Et alors que je tentais de déchiffrer la carte de mon guide touristique, une femme s’est approchée de moi pour m’expliquer comment aller à Portobello. C’est fou, non? Ahah non sérieux pour moi c’est du jamais vu. Aujourd’hui, je me rends compte que j’ai changé et je suis beaucoup moins méfiante. Je vais volontier aider, renseigner. Je n’hésite plus à demander de l’aide quand j’en ai besoin, à poser des questions. Je n’ai plus l’impression de déranger. Je ne pars plus du principe que je serai mal reçue.

Petit à petit, oui, je deviens anglaise.

À me lire, tu pourrais croire que j’ai un amour aveugle pour le Royaume Uni. Pour être honnête, je doute que je finisse ma vie ici. J’aime ma vie aujourd’hui. Mais, l’hyper consommation, le coût de la vie et la qualité du suiv médical me font peur. Au delà de la question de la vieillesse, fonder une famille ici me paraît hors de prix.  J’en suis pas là mais l’option n’est pas écartée. J’ai dépassé cette phase où fraichement arrivée sur le pays d’accueil tu te dis que tout es pourri en France et qu’il y a pas d’avenir, bla bla bla. Le duo blanc/ noir a laissé place à des nuances de gris. Il y a pas à dire en France, il y a quand même un respect de la notion de qualité de vie. Tout le monde ne vit pas super bien mais je trouve qu’on est mieux protégé. Mais, il y a plein de choses dans la culture britannique qui reste une enigme pour moi. Face à leurs réaction ou inertie, je reste pantoise et française. Pour moi, un français est entier. Quand il t’aime, il te le démontre. Quand il est énervé, ben il le dit. Ben, l’anglais lui continuera de te sourire…

Je ne suis pas une expatriée. J’ai décidé de partir sans contrat de travail. Je n’ai aucunes difficultés à m’appeler immigrée. Les médias, oui oui je dénonce, ont participé au dénigrement du terme notamment à l’associant systematiquement à des africains sans papiers. Des immigrés, il y en a de tous les continents. Des sans papiers de toutes les nationalités…. Et ils ne sont pas tous noires. J’ai connus des sans papiers français et blancs à New York. Un immigré n’est pas un sans papier tout comme un jeune n’est pas un délinquant.

Je parlais avec une jeune femme originaire de Bulgarie. Elle y a vécu toute son enfance. Puis, elle a immigré en Angleterre. Elle me disait être exaspérée par cette question: « Mais du coup, tu préfères l’Angleterre ou la Bulgarie? »  Comme s’il fallait choisir un camps: eux ou nous. Dans le même registre, on me demande régulièrement si je préfère la Guadeloupe et la Martinique… Je sais que techniquement on ne nait qu’à un seul endroit à la fois. Qu’on ne peut avoir qu’un seul lieu de naissance. Mais, je crois qu’une identité peut contenir plusieurs nationalités. Pas de le sens de plusieurs passports mais dans le sens où on adopte un pays, ses valeurs. Obtenir la nationalité britannique n’est pas mon souhait. Ça fait flipper certains mais nous vivons dans un monde de plus en plus métissé.  Qui en France est français pur souche? C’est relativement rare. Je crois que chacun à la nationalité qu’il souhaite au delà de ce que dicte l’adn. Mais, quand certains s’acharnent à revendiquer une nationalité de droit moi je revendique des nationalités de coeur. Je suis créole bien que je ne sois pas née en Martinique ni en Guadeloupe. Je me donne des origines celtiques parce que je suis née en Bretagne. Alors pourquoi je ne me dirais pas britannique? 😉

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8 commentaires sur « Humeur | Mon identité a deux nationalités »

  1. Wahoo c’est super beau ! Je me reconnais tellement dans ton billet !
    Je viens d’acquérir la nationalité française et c’est parce que je l’ai choisie. J’ai choisi d’embrasser cette nationalité qui fait partie intégrante de mon identité et c’est une telle richesse de pouvoir être d’ici et d’ailleurs. C’est même une chance.
    Quant à Londres j’adore cette ville. Je regrette de ne pas m’y être installée lorsque j’en avais l’occasion il y a quelques années. Tout ce que tu décris est exactement ce qui m’y plaisait. La liberté d’être soi. Tout simplement.

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  2. Tu as bien résumé la situation et je comprends ce que tu veux dire.
    En vivant à l’étranger tu te rends bien compte de tout ce qui ne va pas en France.
    La France est un beau pays pour plusieurs raisons mais il y a beaucoup de choses à améliorer pour justement pérenniser ce modèle.
    Par contre, je n’ai pas la même expérience que toi avec la fourberie. Je n’ai pas vu ailleurs qu’en France où des personnes qui disent être amies médisent autant sur les autres dans leur dos ou font semblant de t’apprécier.
    Encore un bel article de toi.

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    1. Hello! oui vivre à l’étranger donne du recul sur son pays d’origine dans le positif comme dans le négatif. Je crois que la fourberie est internationale malheureusement!

      Merci pour ce commentaire. Passe une belle journée!

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